Sur le sol gris et sale, le précieux véhicule de vie de cette reine déchue venait inonder le sol. Plusieurs jours qu'elle croupissait dans sa cellule en attendant le jour de son exécution. Un procès sommaire s'était tenu pour condamner l'épouse du souverain pour sorcellerie, jetée comme une mal-propre par les Desturi derrière les barreaux, les fers aux pieds. Sous-alimentée, elle était couchée sur le sol, le regard vide et le cœur lourd. Trop faible pour utiliser ses pouvoirs, sachant pertinemment que si elle s'amusait à faire trembler le ciel, elle perdrait toute crédibilité face aux accusations menées contre elle. Plusieurs jours qu'elle n'avait plus eu de nouvelles de la reine mère, priant les dieux pour que celle-ci soit en meilleure forme qu'elle.  Fatalis avait dû obtenir ce qu'il était venu chercher, mais certainement pas d'elle ou de sa belle-mère qui étaient prêtes à mourir pour le roi légitime du Wakanda — sa panthère noire. Ses longs cheveux blancs étaient détachés et encadraient son visage tuméfié tandis qu'elle se redressait un peu. Ces terroristes ne plaisantaient pas et Ororo avait amèrement goûté aux fruits de son impertinence. Il était hors de question de se soumettre à ces barbares vétustes et haineux. L'Afrique s'embrasait et plus particulièrement le Wakanda dont elle était autrefois la reine. Une monarque de cœur pour les habitants, n'hésitant pas à user de ses pouvoirs pour lutter contre la sécheresse, tout comme elle l'avait fait autrefois sur les plaines du Serengeti où elle était vénérée comme une déesse. Tout cela semblait si lointain tandis qu'elle se redressait pour se caler contre le mur, le regard vide de toutes expressions. Un garde ouvrit alors sa cellule, plissant les yeux sous la morsure cuisante d'un jour qui ne se levait jamais dans cette partie du palais. Un garde accompagné d'une femme venue redonner un peu d'éclat à la mutante blessée. Sous le regard pernicieux du garde, elle se retrouva nue tandis que la domestique nettoyait Ororo et l'habillait d'une longue robe blanche. Silencieuse, l'Africaine reçue un regard compatissant de part cette inconnue. Elle serra fortement sa main comme pour lui donner du courage d'effectuer cette dernière marche d'expiation.

Aucuns tambours pour chanter les louages de cette déesse prête à être sacrifiée. Tant d'aventures, de souvenirs et d'images venaient hanter son esprit. De l'Afrique à l'Amérique, du sourire de Charles en passant par le regard bestial de Wolverine. L'espace d'une seconde, elle songea à ce que la mort allait lui apporter, le véritable repos après une vie d'héroïne à lutter contre la noirceur du monde. Mais elle ne pouvait décemment pas s'en aller sans revoir une dernière fois l'homme de sa vie et goûter à ses lèvres. Il avait conquit la mutante de la même manière que son royaume. Elle savait pertinemment qu'il n'était pas loin et qu'il allait tenter de la sauver. Mais si il devait faire un choix, elle espérait fortement qu'il choisisse le Wakanda. Malgré les heures sombres et sa non popularité, il était aimé et attendu par ses partisans. L'amour pouvait parfois pousser à faire des choix peu judicieux et Tornade était prête à mourir si cela donner à T'Challa la force de la venger et de reprendre ce qu'on lui avait volé. Elle quitta alors sa prison, marchant dans un long corridor sous le regard de gens parfois haineux, mais aussi impuissants. Sereine, la mutante ne souhaitait pas montrer sa faiblesse face à ses opposants. Fière jusqu'au bout, la tempête finirait par tous les emporter. Charles lui avait dit un jour qu'elle savait mieux que personne que le vent ne prévenait pas quand il avait décidé de tourner. Au fond d'elle, elle espérait voir un retournement de situation et ne pas céder à cette fatalité tragique. Elle nourrissait sa vengeance contre Fatalis, contre les Desturi, contre tous les ennemis de cette humanité qu'elle souhaitait continuait à défendre.

Le peuple s'était réuni pour assister à l'exécution de la reine. Condamnée comme sorcière, un bûcher était dressé et prêt à s'embraser pour elle. Elle trouvait ça tellement ridicule, prouvant que T'Challa souhaitait apporter l'émergence et la modernité tandis que ses détracteurs s'enfermaient dans un mode de vie séculaire. Sous les injures et les crachats, elle continuait d'avancer fièrement vers le lieu où elle allait être exécutée. La foule s'agglutinait pour assister à ce spectacle macabre, la peur commençait à gagner la mutante et le ciel bleu commençait à se couvrir de nuages.   « Où es-tu ? ... » Souffla alors Ororo qui s'adressait bien évidemment à son mari. Elle avait l'impression de vivre ses derniers instants, personne ne méritait de finir ainsi. Personne.        

Il ne comprenait pas, ne savait qu'en penser. Comment en était-il arrivé là ? Il avait été chassé de son royaume, de sa terre. Sous quel motif ? Il avait toujours tout fait pour son peuple, il avait parcouru le monde pour eux, affronté les révoltes, les envahisseurs, pour une terre saine, où les rires des enfants s'élevaient sans cesse. Il avait écouté les désirs de son père, ses craintes, il avait fait en sorte de marcher sur ses pas, de le rendre fier de lui. Pour quoi au final ? Le rejet du peuple, la colère qui gronde en lui. T'Challa n'avait pas le choix, il devait comprendre le problème, retirer le mal à la racine. Si sa royauté était encore toute jeune, il n'y renoncerait pas aujourd'hui. Il était la Panthère Noire, défendeur du Wakanda. Il défendrait son pays de l'ennemi, de celui qui fait sonner les trompètes de guerre, celui qui fait douter, celui qui affame son pays. Sachant qu'il ne pourrait attaquer tout de suite, il s'était réfugié dans l'une des bases secrètes abandonnées des Hatut Zeraze, sachant qu'il y aurait de quoi se cacher et élaborer un plan. Il avait pu constater que certaines caméras de surveillance n'avaient pas été détruite et avait pu observer son peuple, rongé par le mal, se déchainer, s'entretuer et finir par acclamer de faux dieux. Zuri, son fidèle garde du corps l'avait suivi et se trouvait derrière lui, surveillant la porte principale. T'Challa l'appréciait et savait qu'il ne devait pas abandonner.

Mais les choses changèrent, ses plans furent réduits à néant. Lorsqu'il la vit sur l'un des écrans, sa rage grondait, dévorante, destructrice. Ils avaient osé. Pourfendre l'honneur d'une reine qui avait tant fait pour eux. Ses griffes s'enfoncèrent dans le métal qui pliait en crissant. Il ne pouvait pas laisser cela se produire. Il ne pouvait attendre plus. T'Challa attrapa son masque et l'enfila, se tournant vers son garde du corps qui le dévisageait simplement, l'air quelque peu amusé. T'Challa n'avait pas le temps pour lui faire taire ce sourire.

« Je dois y aller. »
« Si c'est cela que vous voulez, votre Altesse. »
« Je ne peux pas ne rien faire. »
« Si c'est cela que vous voulez, votre Altesse. »

Il chassa sa plaisanterie d'un simple geste de la main et se dirigea d'un pas hâté vers la sortie. Le soleil ne brillait plus au Wakanda, il savait ce que ce ciel voulait dire. Elle avait peur. Il ne pouvait se permettre de ne pas agir encore une fois, il avait déjà perdu son père. Sachant que Zuri le suivrait, il s'élançait aussitôt dans la forêt. Il courait si vite qu'il n'effrayait même pas les animaux qui ne sentaient qu'un courant d'air les effleurer. Le Wakanda n'était pas loin de sa base et il s'y trouvait rapidement. T'Challa grimpa alors en haut du palais et se tenu fièrement devant la foule qui arrêtait de fixer celle qu'ils devraient nommer reine et non sorcière. Il se laissa tomber pour arriver gracieusement au sol, ses semelles en vibranium amorçant la chute. Il coupait les liens qui entravait Ororo, n'échangeant qu'un regard avec elle avant de se tourner vers ceux qui se prenaient pour le gouvernement du Wakanda.

« Vous osez exiler votre roi et tuer votre reine ? Vous n'êtes digne que du nom que vous portez, que de la couronne que vous vous entêtez à mettre, le sang d'innocent sur les mains. »

Il s'était avancé vers eux et avait parfaitement entendu les deux Doombots derrière lui. Il savait qu'Ororo en prendrait un, il savait qu'elle était là, prête au même destin que lui. Il se tourna vers le robot et le frappa au torse, une énergie mauve se dégageant de son poing pour intensifier son coup, projetant la carcasse plus loin. Il tenait le 'cœur' du robot dans sa main et tourna son regard vers les Desturi.

« Vous n'êtes rien ici à part des traîtres. »

Si certains s'étaient déjà réfugiés à l'intérieur du palais, les derniers qui lui faisaient face y allèrent, protéger d'autres gardes qu'il savait corrompu. T'Challa savait qu'ils allaient devoir s'en occuper, qu'ils allaient devoir reprendre le pouvoir, tuer le mal à la racine. Mais il n'était plus seul. Il avait sa femme, ses sujets, ceux qui lui sont fidèles. Il se tourna vers Ororo, lui tendant sa main pour l'inviter à venir plus près de lui. Il était tendu, rongé par la colère, mais ne pouvait que se calmer en la voyant en vie, saine et sauve.

« Je suis là Ororo. Es-tu avec moi ? »

C'était une simple demande, pour savoir si elle l'accompagnerait, si elle croyait encore en lui. Si elle n'y croyait plus, que lui restait-il ?

Cette fin inéluctable avait un arrière goût de rouille dans sa bouche. Fatiguée par les mauvais traitements qu'elle avait subi par les Desturi, la déesse se tenait tout de même droite et fière. Jamais elle donnerait une larme ou une pointe d'émotion pour ses ennemis, prête à être brûlée dans la dignité. L'agglomérat hurlait sa haine pour la reine, observant au loin le bûché dressé pour elle et prêt à s'embraser. Elle pensa alors à sa vie, à toutes ses aventures qui s'étaient souvent soldé par des peines, mais aussi par des joies. Des mots de Charles aux sourires confiants de Hank. De la douceur de Jean aux caractère sauvage de Logan. C'était sa famille. Elle se résignait à les quitter tout en sachant qu'ils n'arrêteraient pas de se battre pour un monde en paix. Elle s'estimait heureuse d'avoir trouvé l'amour, une famille et un foyer. Enchaînée comme une vulgaire criminelle, elle se mit alors à avancer sous une foule qui commençait à retenir son souffle. Humanisme décadent qui était prêt à se repaître de cet assassinat, presque avec une certaine appétence qui décontenançait la mutante. Elle partirait de la même façon qu'elle avait vécu — avec courage.

Ses longs cheveux blancs se prenaient dans la brise, le ciel voilé par ses émotions offertes en sacrifice à la foule. Prête à monter sur l'estrade dressée en son honneur, un silence pesant prit alors possession des lieux tandis que les gens fixaient les hauteurs du palais. Un sourire, des lippes reconnaissantes et un regard embrumé de larmes. Il était là. Elle n'en avait pas douté une seule seconde. Le monarque était venu secourir sa reine et reprendre sa couronne. Avec agilité, la panthère noire bondit jusqu'à sa belle pour la libérer de cette entrave brutale. Un simple regard échangé tandis que son cœur battait furieusement son désir de vivre. Elle massa un instant ses poignées endolories tandis que T'Challa prenait la parole. « Vous osez exiler votre roi et tuer votre reine ? Vous n'êtes digne que du nom que vous portez, que de la couronne que vous vous entêtez à mettre, le sang d'innocent sur les mains. » Des frissons parcoururent alors son échine sous l'impact des mots de son roi. Le duo fut rapidement rejoint par deux Doombots prêt à arrêter le couple royal dans sa lancée. L'un fut rapidement mit en pièce, observant son mari tenir le cœur d'acier de son ennemi entre ses griffes. Un geste symbolique, une invitation à se battre qu'elle ne pouvait pas ignorer. Ses yeux devinrent alors blanc sous le regard effrayé des quelques civils, le vent se leva et la maîtresse des éléments envoya une violente bourrasque sur le deuxième robot qui une fois dans les airs — fût frappé à plusieurs reprise par la foudre. Il s'écrasa sur le sol, fumant et à jamais déconnecté de cette immonde réalité.

« Vous n'êtes rien ici à part des traîtres. » Tandis qu'il disait tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas, la mutante leva les yeux vers un ciel orageux qui menaçait de tomber sur eux. Ororo se refusait d'arracher des vies, c'était dans ses principes mais aujourd'hui — le vent de la traîtrise allait souffler sur ses ennemis. T'Challa tendit ensuite la main vers son épouse qu'elle s'empressa de serrer, s'approchant de lui pour le regarder avec amour et admiration. « Je suis là Ororo. Es-tu avec moi ? » L'Africaine offrit alors un sourire à son époux tandis qu'elle hochait la tête en lançant un regard dédaigneux aux détracteurs du roi. « Pour aujourd'hui et pour demain. » Souffla-elle avec tendresse avant de reprendre plus fort. « Votre altesse. » Elle était là pour le seconder, comme elle l'avait toujours fait.

Certains fuyaient déjà tandis que les Desturi se regroupaient pour garder les portes du palais. C'était au Monarque de reprendre sa couronne, elle serait là pour l'aider, mais elle pouvait pas le faire à sa place. Ororo s'approcha alors de lui pour lui voler un baiser par-dessus son masque. « Fais ce que tu as à faire. Je t'ouvre la voie ... La tempête les soufflera tous. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle s'éleva alors dans les airs, le tonnerre hurlant sa rage. Un vent violent se glissa alors devant T'Challa pour balayer les gardes qui entravaient sa route. Elle envoya ensuite un violent éclair sur le bûché pour le détruire car personne ne brûlerait aujourd'hui. Les poings chargés d'électricités, la déesse attendit que la panthère noire se lance à l'assaut de sa couronne volée pour le suivre et combattre à ses côtés.