Les eaux entourant Genosha étaient agréablement poissonneuses. Angus n'était pas vraiment fan de l'eau de mer, mais il fallait bien avouer que ça donnait un certain goût à sa nourriture. L'époque où il avait honte de sa mutation et qu'il la traînait comme un boulet semblait dater de quelques millions d'années : il n'était pas humain, et il assumait. Que pouvait-il faire d'autre, de toute façon ? Il aurait beau faire tous les efforts du monde, cela ne suffirait jamais aux homo sapiens. Et puis merde, il aimait le sashimi.

Bon, il ne s'en vantait pas non plus, même s'il n'était pas le plus monstrueux des mutants de l'île. Disons que c'était son petit moment à lui, cette petite nage matinale. Il sortit de l'eau sur l'une des criques de l'île, où il avait précédemment laissé un sac avec des affaires. Quand il était dans l'eau, avec sa queue de poisson et tout, il n'avait pas besoin de se mettre du tissu sur les fesses. Il n'avait même pas de fesses ! Mais une fois qu'il voulait revenir dans le joli monde de la civilisation, il fallait bien qu'il s'adapte...

L'endroit était généralement désert, car difficilement accessible depuis la terre ferme. Du moins, quand on n'avait ni bateau ni pouvoirs. Angus n'avait pas vraiment fait attention et s'était dirigé vers son sac sans réaliser qu'il n'était pas exactement seul. Ce ne fut que lorsqu'il se pencha pour enfiler son caleçon qu'il remarqua un point coloré qui ne devait pas être là.
Oups.

— Ah... euh...

Toujours aussi éloquent. Il finit de se couvrir l'arrière-train avant d'oser regarder la personne en face lui. Merde. Tu parles d'une vision.

— Pardon. Je pensais pas qu'il y aurait quelqu'un... D'habitude c'est plutôt désert et... euh...

La nervosité le rendait bavard, et il ne put s'empêcher de se gratter la nuque dans un réflexe un peu cliché. C'était embarrassant tout ça !

La présence de Loki sur Genosha était purement un hasard. Le Dieu s'était simplement ennuyé et savait pouvoir passer inaperçu sur l'île. Entre tous les mutants, il pouvait plus facilement se fondre dans la masse tout en laissant libre cours à ses pouvoir s'il le voulait. Il s'était mis à l'écart, toujours dans sa solitude et n'attendait pas vraiment à croiser quelqu'un.

Sa vie depuis sa prétendue mort était clle d'un fugitif. Loki aimait se cacher, manipuler, mais il n'aimait pas se cacher pour survivre. De plus  prétendre d'être Odin le fatiguait et l'empêcher de réellement être lui-même ce qui en retour le rendait vraiment de mauvaise humeur. Il observait le va et vient de l'océan sous des traits féminins, appréciant le calme dans la force de la nature.  Mais bien sûr quand il ne voulait pas quelque chose, à savoir croiser quelqu'un, cela arrivait.  Ironie du sort, sans aucun doute, cela le suivait comme une malédiction.

Elle vit jaillir de l'eau un homme banal, et elle n'allait pas s'y intéresser plus que cela, il jugea au contraire nécessaire de le faire. la Malice soupira et compta jusqu'à 10 pour ne pas l'éliminer dans son moment d'embarras. Il fallait dire que cela ne serait sans doute pas une bonne idée de contrarier Erik.

⎇ Et vous éprouviez la folle envie de m'en faire part , lança-t-elle avec un sourire sarcastique.

La femme en face de lui était bien trop calme et posée pour la situation, et cela troubla grandement Angus. Que se passait-il dans sa tête pour qu'elle ne soit pas en train de hurler partout à l'exhibitionniste, au déviant et au potentiel violeur !? Il arqua un sourcil, l'embarras faisant peu à peu place à la perplexité.

— Euh, non non m'dame.

Et voilà qu'il lui donnait déjà du "M'dame"... Le pouvoir du charisme, c'était assez effrayant. Il fallait dire qu'elle était belle... et surtout intrigante. Angus continua à se rhabiller malgré tout, se demandant comment sa crique déserte s'était retrouvée soudainement peuplée ce jour-là.

— Comment vous avez fait pour venir ici ? Il n'y a jamais personne...

Non mais vraiment, ça turlupinait Angus, parce que cet endroit, c'était un peu son jardin secret. Il était tout perturbé de tomber sur quelqu'un sur ce sable qui avait toujours semblé lui appartenir, tant et si bien qu'il en restait figé.

— À moins que... Vous aussi, vous êtes une sirène ? Ou alors vous volez ? Ou vous vous téléportez, peut-être ? On s'est jamais croisé, non ? Si... peut-être. Je sais plus.

Ah, si la confusion pouvait avoir un visage, elle aurait sûrement les yeux verts et la barbe de trois jours d'Angus. Le pauvre petit poisson garda la bouche ouverte comme la carpe qu'il était, écarquillant des yeux de... merlan frit ?